Entrepreneuse depuis 2014, Laura est passionnée de mode, de création, de graphisme et de web. Elle met tous ses talents au service de la visibilité des jeunes marques.
Si vous me suivez sur les réseaux sociaux, vous connaissez sans doute déjà son nom: Laura Peterman est la talentueuse directrice artistique qui signe mon identité visuelle et m’a accompagnée sur les refontes de mon site (je ne manque jamais de rappeler à quel point je suis ravie de notre collaboration !).
Je suis très heureuse de lui donner enfin l’occasion de nous parler plus longuement de son expérience d’entrepreneuse. Dans cette interview, elle nous explique notamment les joies qu’elle trouve à être sa propre patronne. Mais elle nous met aussi en garde contre des ennemis qu’elle connaît bien : le stress de l’entrepreneuse et les peurs que peut générer le manque de sécurité financière.
Bonjour Laura, raconte-nous ton parcours: depuis quand es-tu entrepreneuse ?
Amoureuse de l’image sous toutes ses formes, et créative compulsive depuis toujours, j’ai fait des études en Arts appliqués après mon Bac général. Également passionnée de mode, c’est tout naturellement que j’ai poursuivi avec un BTS de stylisme (Design de mode). Mais après quelques expériences décevantes en tant que styliste, et beaucoup de jobs alimentaire de vendeuse en prêt-à-porter, le hasard des rencontres m’a fait changer de voie, et j’ai été embauchée comme graphiste dans une agence de comm.
Cela a été une révélation pour moi : on me donnait enfin la liberté de créer, d’explorer le visuel, de jouer avec l’image. Ensuite, j’ai été formée en interne à l’intégration de sites web, ce qui m’a donné la double casquette de graphiste / intégratrice. Un nouveau monde s’est ouvert à moi, et j’y ai découvert une nouvelle passion. Au bout de deux ans et demi dans cette agence, j’ai décidé de partir pour me mettre à mon compte. C’était en 2014.
Qu’est-ce qui t’a incitée à te lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat? Quelle est ta « raison d’être » d’entrepreneuse?
Je crois que j’ai toujours été profondément indépendante et libre, et je ne me retrouvais pas dans le salariat. Je me sentais entravée, exploitée, cela n’avait pas de sens pour moi. Je rentrais à la maison à 19h pour retrouver mon petit garçon en pyjama puis le mettre au lit à peine une heure après. J’en avais marre de culpabiliser quand j’étais malade, ou de ne pas oser demander à partir plus tôt pour emmener mon fils chez le médecin. Et quand on a commencé à me demander de produire plus et plus vite, et de noter heure par heure ce que je faisais, j’ai eu le déclic.
La créativité, ça ne se force pas, et je ne voulais plus travailler sous pression. Je travaillais non pas au service de mes valeurs, mais de celles de mon entreprise, de mon patron, de nos clients, qui n’étaient pas forcément les miennes. J’avais besoin de retrouver ma liberté, mon indépendance, ma créativité, et surtout d’agir en alignement avec mes valeurs, mes rêves, mes envies, mes besoins. Je voulais me créer un travail sur mesure, plutôt que devoir rentrer dans une case. Je voulais redonner du sens à ma vie.
Quelles sont aujourd’hui les satisfactions que tu trouves dans ta vie d’entrepreneuse?
Il y en a beaucoup ! Ma préférée : vivre à mon rythme. Nous, les femmes, sommes cycliques. Ce qui veut dire qu’à certains moments du mois, nous sommes créatives, à d’autres nous sommes plutôt productives, ou sociables, ou encore intuitives etc. Expliquer cela à un patron, c’est un peu compliqué !
La vie entrepreneuriale me permet de m’organiser en fonction de mes rythmes internes, d’être à fond quand mon énergie le permet, et de me reposer quand c’est nécessaire. Bien évidemment, il y a aussi le fait que depuis 5 ans, j’ai le bonheur d’aller chercher mon fils à l’école (enfin plus maintenant qu’il rentre tout seul !), de profiter de lui…
Et puis, tous les petits plus qui facilitent la vie : faire mes courses en semaine quand il n’y a personne pour éviter les samedis bondés, partir en week-end mardi-mercredi-jeudi si j’en ai envie, gérer mes horaires, mes vacances, m’autoriser un congé spécial règles chaque mois, ne rendre de compte à personne d’autre qu’à moi-même, et, luxe suprême : choisir avec qui j’ai envie de travailler.
C’est un cadeau de pouvoir travailler avec des personnes qui partagent mes valeurs, ma vision. Cela devient bien plus qu’un simple travail, bien plus qu’une relation client-prestataire. C’est ce qui me plaît : créer du lien, partager.
Quelles sont, à l’inverse, les difficultés que tu as rencontrées ou rencontres encore ?
Les difficultés sont elles aussi nombreuses, et ce serait une erreur de les nier. Il faut être réaliste, et s’y préparer. Bien sûr, elles ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Mon défi à moi, c’était de me lancer tout en étant maman solo. Gérer un enfant seule, ce n’est pas facile. Créer une entreprise non plus. Donc les deux en même temps… il faut être un peu kamikaze ! Je suis passée par des périodes très dures, financièrement et moralement, et j’ai fait l’erreur de rester dans mon coin, à vivre mes problèmes toute seule. J’ai fait un burn out.
Mon pire ennemi, c’est le stress. Encore aujourd’hui. Le stress n’est pas forcément visible, et prend des formes très diverses qu’on ne reconnait pas toujours. C’est une attitude intérieure, qui nous ronge en silence. Par exemple, les angoisses financières qui arrivent quand on n’a pas de rentrées d’argent prévues. Ou encore l’impression que l’on fait tout de travers parce qu’on vient de passer une heure sur Instagram à regarder ce que font d’autres, et qu’on se sent pas à leur hauteur. C’est aussi culpabiliser quand on se détend, alors qu’on en a besoin, ou penser au travail quand on est en famille ou avec ses enfants. On ne s’en rend pas compte, mais cela nous pompe une énergie dingue. Il faut apprendre à le reconnaitre, et à le gérer.
Et puis, il y a l’aspect financier, en particulier quand on est seule et sans filet. Ne pas savoir comment on va gagner sa vie dans trois mois, cela peut angoisser, surtout quand on vient du salariat. Je pense que pendant longtemps, j’ai souffert de chercher le même confort que dans le salariat, à savoir une visibilité à long terme sur ma trésorerie. Le jour où j’ai compris que je n’aurai jamais cette visibilité, cela m’a libérée. C’est toute une façon de voir qu’il faut changer. La gestion de l’argent n’est pas la même quand on est en CDI avec salaire fixe et quand on est entrepreneur, avec des revenus aléatoires et non prévisibles. Le plus tôt on l’accepte, le mieux on se porte. J’ai du apprendre à gérer l’argent autrement, à ne pas angoisser dans les périodes creuses, à croire en moi et en ma capacité à générer des revenus, même si je ne sais pas exactement quand et comment.
Quel conseil donnerais-tu aux femmes qui font le choix de l’entrepreneuriat ?
D’abord et avant tout, de se faire confiance. C’est difficile aujourd’hui de ne pas se comparer, de ne pas se laisser influencer par ce que font les autres, et de se laisser dicter comment on « doit » faire. Je crois que chacune de nous à en elle la sagesse et l’intuition nécessaires pour mener à bien ses projets et envies. Rester connectée à cette sagesse intérieure, se faire confiance, s’écouter, même quand on semble aller à contre courant, même quand les autres ne nous comprennent pas. C’est, pour moi, la clé. Car personne n’a LA réponse, personne ne détient LA vérité. On a chacun(e) la sienne, et c’est à nous et à nous seule de la vivre. Se concentrer sur ce qu’on sait faire, y mettre tout son coeur, son attention et son énergie, sans s’éparpiller. Le reste suivra.
Quels sont les derniers clients/projets que tu souhaites mettre en avant à l’occasion de cet article ?
Bien évidemment, toi, la fabuleuse Sandrine Franchet (promis, cette réponse est totalement spontanée ! – NDLR) avec qui j’ai pris un immense plaisir à travailler. C’était vraiment un régal de creuser ensemble, d’aller au-delà du visuel pour vraiment chercher l’essence de ta marque, et ensuite trouver comment la retranscrire visuellement. Je crois qu’on était vraiment en phase, à chaque étape du projet, et ça, c’est un cadeau précieux. Je n’ai pas eu l’impression de travailler, mais juste de m’éclater en faisant ce que j’aime faire et en le partageant avec toi.
J’ai aussi récemment travaillé sur la refonte de l’identité de Mélanie Cotton, décoratrice d’intérieur à Lyon, et c’est pareil, j’ai pris un plaisir fou à collaborer sur ce projet. On avait la même vision, nos échanges étaient riches et inspirants. On avançait ensemble dans la même direction, la créativité bouillonnait, c’était chouette. Elle est vraiment partie à fond dans la déclinaison de l’identité (tampons, workbooks, enveloppes, packagings, etc.) et je me suis régalée. J’ai beaucoup de chance de travailler avec des femmes qui m’inspirent, et qui me font entièrement confiance. Je me sens libre et du coup la créativité n’a pas de barrières pour s’exprimer. C’est un bonheur.
PS: N’oubliez pas de découvrir l’univers de Laura Peterman sur Instagram
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