Oser les projets collectifs pour ne pas rester seule dans son aventure entrepreneuriale. C’était le sujet de mon intervention, le 20 février dernier, à la soirée Audace stories organisée près de Lyon par Amélie Clairet. Voici le texte de cette intervention, dans laquelle je reviens sur mes expériences de projets collectifs, les leçons que j’e ai tiré, et enfin les facteurs de succès pour mettre toutes les chances de son côté !

Les mots ont toujours été, pour moi, de meilleurs alliés que les chiffres. Pourtant, quand Amélie Clairet (retrouve son interview ici !) m’a proposé de partager mon expérience lors de la soirée Audace stories, ce sont des chiffres qui me sont d’abord venus à l’esprit.

• J’ai 51 ans. Cela fait donc presque 30 ans que j’ai démarré ma vie professionnelle. Et sur ces presque 30 ans, je n’ai été salariée pendant seulement 6 ans.
• Avant d’être salariée, j’étais journaliste freelance. Puis, en 2007, j’ai entrepris de travailler à mon compte.
• Si tu fais le calcul, cela fait donc 18 ans que j’ai entamé mon aventure entrepreneuriale.

Pour choisir le sujet de mon talk, je me suis donc interrogée. Quelles leçons pouvais-je tirer de cette longévité ?

On le rappelle, entreprendre est un marathon, pas un sprint !

Faire régulièrement évoluer mon activité

Le premier facteur de longévité que j’ai identifié, c’est la capacité à faire évoluer mon activité tout au long de ces 18 ans.

Pendant toutes ces années, j’ai été tour à tour et souvent en parallèle :

• artisane créatrice textile
• animatrice d’ateliers d’arts du fil
• rédactrice web
• consultante en communication pour des entrepreneuses,
• intervenante auprès d’étudiants en écoles post-bac
• intervenante auprès d’entrepreneuses accompagnées par des incubateurs,
• blogueuse,
• autrice de guides pratiques pour entrepreneuses créatives,
• fondatrice du collectif d’entrepreneuses lyonnaises Fœmina Lyon…

Et puis sans doute parce que j’avais peur de m’ennuyer (!), depuis 2020 je suis aussi élue dans mon arrondissement lyonnais. J’ai un mandat d’adjointe, en charge des questions économiques…

Cette variété d’activités est donc le premier levier qui m’a permis de durer dans mon aventure entrepreneuriale. Mais derrière, il y a un autre levier, plus fondamental. C’est la conviction que je ne dois pas rester seule dans mon parcours. Que l’isolement est le principal obstacle à prévenir et surmonter.

Des projets collectifs pour éviter de m’isoler dans mon aventure entrepreneuriale

Pour moi, le meilleur antidote à ce risque d’isolement, c’est de lancer ou de participer à des projets collectifs et collaboratifs.

Voici une petite liste (non exhaustive) de ces collaborations et partenariats au fil des annés :

• J’ai lancé mon activité indépendante en 2007 dans le cadre d’une couveuse d’activités : c’était déjà l’occasion de m’appuyer sur le soutien d’autres entrepreneurs et de ne pas partir seule dans la grande aventure entrepreneuriale !
• Quelques mois plus tard, j’ai contacté plusieurs artisanes et créatrices savoyardes (je vivais alors à Chambéry) pour créer un collectif. Ensemble, nous avons organisé plusieurs événements locaux, qui ont connu un franc succès.
• Arrivée aux Pays-Bas (où j’ai vécu quelques années), j’ai lancé une démarche similaire en réunissant des entrepreneuses et créatrices de la communauté francophones. Objectif : nous entraider et organiser des ventes communes.
• Au même moment, j’ai intégré un groupe Facebook très actif de créatrices, pour échanger et s’entraider. Il a même débouché sur la création d’un site collaboratif destiné à promouvoir la création fait-main.
• En 2012, j’ai été sollicitée par Sophie-Charlotte Chapman, une entrepreneuse que je connaissais via les réseaux sociaux. Elle m’a proposé de créer avec elle un programme d’accompagnement à distance pour entrepreneuses. Ensemble, nous avons donné naissance à la communauté des Entrepreneuses créatives. Puis nous avons entrepris de co-écrire 5 guides pratiques pour entrepreneuses, parus aux Editions Eyrolles. 13 ans plus tard, cette collaboration se poursuit toujours !
• De retour à Lyon, j’ai monté plusieurs projets avec Priscilla Otéro, fondatrice de Pause création (aujourd’hui un organisme de formation professionnel spécialisé en couture). Nous avons organisé des événements pour entrepreneuses et je suis intervenue dans le cadre d’un programme de formation à la création d’entreprise qu’elle lançait. Cette année, nous lançons ensemble un nouveau projet commun : le Hub créatif, un lieu dédié au travail collaboratif et à l’accueil de projets créatifs, dans le 6ème arrondissement.
• Dernier exemple de projet : le collectif d’entrepreneuses lyonnaises Fœmina Lyon que j’ai lancé en 2019, pour organiser des rencontres régulières, créer des liens et progresser ensemble dans nos pratiques professionnelles.

Les leçons que je retiens de ces expériences

1- Plus on est de fous (enfin de folles), plus on rit. Mener des projets avec d’autres entrepreneuses, c’est l’un des meilleurs moyens d’amener de la joie, du plaisir, et souvent de l’amitié dans l’aventure entrepreneuriale.

2- J’ai découvert le pouvoir de la sororité. La sororité c’est une forme de solidarité féminine dans laquelle on reconnaît les difficultés, obstacles et besoins propres aux femmes entrepreneuses. On s’écoute et on se comprend, on apprend des unes et des autres, on se porte les unes et les autres…

3- Une leçon important : c’est plutôt facile de trouver des partenaires. Mais c’est là que l’audace intervient. Il faut oser dire : “j’ai besoin d’aide ou je ne veux pas mener ce projet seule”. Ce n’est pas du tout un signe de faiblesse, bien au contraire ! Cet appel sera généralement apprécié et considéré comme une opportunité.

4- Comme le dit l’adage, à plusieurs, on va vraiment plus loin ! On ose entreprendre des projets plus ambitieux. En effet, on a moins peur, on s’épaule, on prend le relais les unes des autres, on s’épuise moins.

Quelques conseils pour réussir tes projets collectifs

Pour terminer, j’aimerais partager avec toi quelques conseils, tirés de mon expérience, pour t’encourager à nouer toi aussi des partenariats. Et t’aider à les voir réussir.

1- Vérifier que l’on partage une vision et des valeurs communes. C’est essentiel de t’assurer que ces fondations sont bien là, pour éviter au maximum les tensions et les échecs.

2- Communiquer clairement et fréquemment sur les objectifs que tu vises avec ce projet. Notamment les objectifs financiers s’il s’agit d’un projet à vocation commerciale, ainsi que les limites que tu te fixes (en terme de temps, de missions, et évidemment de budget)

3- L’idéal est d’être complémentaires. Que ce soit en termes de compétences, d’énergie, de manière de travailler ou encore de disponibilité.

4- Se répartir les rôles de manière claire et transparente pour éviter de se chevaucher et de perdre en efficacité.

5- Pourquoi ne pas rédiger une sorte d’accord ou de contrat pour fixer précisément les termes du partenariat ?

6- Prévoir des points réguliers pour échanger sur la manière dont chacune se sent et évoquer les éventuels sujets qui fâchent avant qu’ils dégénèrent.

Si tu es en région lyonnaise et que tu veux élargir ton réseau entrepreneurial et trouver de futurs partenaires, je t’invite à rejoindre Fœmina et le Hub créatif (voir les liens ci-dessus) !