Rencontre avec Élodie Bougeois, illustratrice et autrice

Nov 6, 2024 | #Rencontres | 2 commentaires

Lorsque j’ai proposé à Elodie Bougeois de témoigner pour cette rubrique « Rencontres », c’était pour parler de sa « Museletter ». Et plus largement de la place de l’écriture dans son art et son entreprise. C’était sans compter les questionnements qui la traversent aujourd’hui. Ils nous ont amenées à explorer des sujets plus profonds. Et notamment comment lâcher prise et rebondir quand l’aventure entrepreneuriale perd son sens…

Elodie Bougeois illustratrice

Bonjour Élodie, peux-tu nous dire quelques mots sur toi et ton parcours ?

Je suis Elodie Bougeois, diplômée en illustration. Néanmoins je dois avouer que mon chemin m’a menée vers des horizons assez variés. Photographie, web design, animatrice pour enfant… Mon parcours est loin d’être une ligne droite. 

Ces trois dernières années, je suis revenue vivre en Haute-Savoie. Une décision qui a débouché sur une grosse remise en question personnelle et professionnelle. Actuellement, je travaille principalement dans le tourisme de montagne. Et je suis en pleine réflexion sur mon activité artistique…

Qu’est-ce qui a conduit à cette remise en question ?

Deux phénomènes se sont cumulés lors de mon arrivée en Haute-Savoie. Tout d’abord mon changement de région et donc d’écosystème naturel et humain. Puis le fait que cette transition s’est inscrite dans la suite directe du post covid : je suis arrivée ici en juillet 2021, en pleine période de pass sanitaire. Mes remises en question sont donc autant dues au changement de région qu’à un changement sociétal plus vaste.

Ma transition s’est faite petit à petit. Je ne me suis pas réveillée un matin avec une vision claire. Mais en arrivant ici, mon premier souci a été que je ne connaissais personne. Et que ce n’est pas en restant à dessiner chez soi que l’on rencontre du monde ! J’ai donc ressenti assez rapidement un immense besoin d’extérieur. Besoin de sortir dans la nature, besoin de rencontrer du monde.

En parallèle, je ne réussissais plus à me rémunérer avec mon activité. J’ai également eu beaucoup de choses à gérer dans ma vie privée. Et j’ai fini par m’effondrer.

C’est à ce moment-là que j’ai commencé à travailler comme saisonnière au club des sports de La Clusaz. J’ai eu beaucoup de plaisir à sortir de chez moi, à effectuer des tâches simples, à discuter avec les gens, à être au contact de l’univers sportif outdoor.

Mais il y avait encore en moi une résistance. Comme si cet emploi saisonnier n’était qu’un job alimentaire et le dessin mon activité principale, alors que le premier me nourrissait sur tous les plans tandis que l’autre… plus vraiment.

Cette année, le switch a vraiment eu lieu. J’ai réalisé que mon activité artistique ne me convenait plus. J’ai donc accepté de lâcher complètement, tout en ayant l’intuition que cela finirait par revenir autrement. Et c’est ce qu’il s’est passé !

Aujourd’hui, quelle est ton activité ?

A l’heure actuelle, je vis à 100% du tourisme. Je travaille pour différentes structures touristiques et sociales de la vallée et j’A-DO-RE ça. J’aime la fluidité que cela offre à mon quotidien, j’aime les personnes que je rencontre, j’adore la sensation de participer à la vie locale et j’adore l’ambiance de montagne qu’iI y flotte constamment.

Et puis, comme prévu,  le dessin est revenu par la porte de derrière.

Actuellement, je n’entreprends que des projets qui me plaisent vraiment. J’ai participé à des concours pour des marques de vêtements de sport outdoor. Je vais probablement réaliser la prochaine affiche du yoga festival de La Clusaz (joie !). Je réalise des illustrations grand format en noir et blanc…

Bref, je dessine sans pression financière, en me faisant plaisir et sans m’encombrer d’une organisation et de démarchages fastidieux. Je n’ai pas encore de projet hyper précis mais ce que je sais, c’est qu’il s’inscrira dans l’univers de la montagne, en lien avec mon écosystème humain et naturel et en respectant mon besoin de fluidité et d’intuition.

Initialement, je t’avais contactée pour parler de ton rapport à l’écriture…

J’ai toujours écrit. Enfant, j’écrivais des contes, adolescente des poèmes. Jeune adulte, j’ai suivi des cours d’écriture de roman et de chanson française. L’écriture a toujours été pour moi, au quotidien, un espace d’introspection et de retour à moi.

J’ai créé ma « museletter » en 2021 (à l’époque, je dessinais des muses, d’où le nom de la newsletter). Cela donné l’occasion de créer une routine d’écriture. Et j’avoue y avoir trouvé beaucoup de plaisir. En plus de créer du lien avec ma communauté, c’était vraiment l’occasion de mettre mes idées au clair et de faire le point sur mon entreprise.

C’est d’ailleurs à la suite d’une museletter que j’ai remis mon activité en question, ce printemps. Je me suis vue écrire une lettre insipide et stéréotypée — ce qui ne me correspond pas du tout— et là j’ai tout arrêté. J’ai compris que j’avais besoin d’accepter de me transformer, moi et mon entreprise, pour retrouver du sens dans ce que je faisais.

Actuellement, je n’écris plus ma museletter. Je sais qu’elle reviendra, très certainement sous un autre nom et une autre forme, mais l’écriture est trop essentielle à mon équilibre ! 

On a évoqué les mots que tu écris : peux-tu aussi nous parler de ce que tu lis ?

Je suis une très grosse lectrice — je peux lire deux ou trois romans en une semaine dans mes moments de grosse forme — et je ne lâche généralement pas un livre avant de l’avoir fini — nuit blanche à l’appui . Je lis beaucoup sur la relation à la nature, sur les femmes. 

Un livre qui m’a beaucoup porté l’année dernière : L’esprit ensauvagé, de Maurice Rebeix, qui partage avec nous une vision « autochtone » de la vie. 

Plus récemment j’ai été touchée par L’île des femmes de la mer, de Lisa See qui nous parle de la vie des femmes sur l’île Jeju et de la manière dont elles portent une communauté (attention, cependant, le roman évoque des crimes de guerre, très violents à lire).

Retrouve Elodie Bougeois sur son site ou son compte Instagram

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2 Commentaires

  1. Florence

    C’est très intéressant de découvrir les questionnements d’Elodie. Un parcours est rarement linéaire !

    Réponse
    • Sandrine Franchet

      Merci Florence pour ta lecture et ton commentaire, dont je prends connaissance très tard… Effectivement, les questionnements, les virages, les pauses… font souvent partie d’un parcours entrepreneurial mais trop rarement partagés. Merci Elodie d’avoir bien voulu nous faire bénéficier de son expérience !

      Réponse

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