Rencontre avec Florence Lespinasse, artiste textile : savoir ralentir et déconnecter

Oct 15, 2024 | #Rencontres | 0 commentaires

À l’origine de cet interview, il y a un mail : en juillet dernier, Florence Lespinasse répond à l’une de mes newsletters sur le thème de l’hyperconnexion. Elle m’écrit qu’elle désinstalle toujours Instagram l’été pour pouvoir recharger ses batteries et avancer sur ses projets. Forcément, j’ai eu envie d’en savoir plus !

Bonjour Florence, peux-tu nous dire quelques mots sur toi et ta marque ?

Je m’appelle Florence Lespinasse et j’ai 45 ans. Après avoir grandi à la campagne, je vis depuis 20 ans à côté de Paris. J’ai aussi vécu 2 ans à Edimbourg avec mon mari et mes enfants et cette expérience a profondément changé mes priorités !

Après des études en école de commerce, j’ai débuté en tant que chef de projet dans un cabinet de conseil. Je me suis beaucoup épanouie dans mon travail pendant plus de 15 ans. Voici 3 ans, j’ai eu envie de lancer une activité qui mêle mes passions pour la couture, l’upcycling et la teinture végétale.

En accord avec mon employeur, j’ai pu réduire mon temps de travail. Aujourd’hui je consacre 3 jours à mon activité salariée, le mercredi à mes filles et le vendredi à mon activité artisanale.

J’ai débuté par la création d’accessoires et l’animation d’ateliers de teinture végétale. Désormais, je m’oriente vers la création de tableaux textiles, que je compose avec des draps anciens que je teins avec des plantes.

Tu as répondu à l’une des mes newsletters sur le thème de l’hyperconnexion : pourquoi ce sujet te touche-t-il ?

Ce sujet me touche parce qu’il s’immisce dans de nombreux aspects de mon quotidien.

J’observe d’abord une hyperconnexion dans mon activité salariée. Depuis le Covid, l’utilisation de Teams s’est généralisée, ce qui accélère le rythme de travail. Les réunions s’enchaînent avec des temps de pause très courts voire inexistants. La fatigue est plus importante, le risque de burn-out plus présent, je vois de plus en plus de collègues qui sont touchés.

 J’observe aussi dans mon entourage proche une difficulté à se déconnecter le week-end et en vacances. Au quotidien, on a trop souvent le téléphone à portée de main pour chercher une info, lire l’actualité, prendre des photos, vérifier ses emails, etc.

Et cela génère une impatience générale, un besoin d’immédiateté : il faut que tout tourne parfaitement et vite !

Ensuite il y a évidemment les réseaux sociaux. Je pourrais en parler des heures tellement c’est une « love and hate relationship » avec Instagram!

Avec le recul, je pense qu’en cherchant à développer mon activité artisanale en m’appuyant beaucoup sur Instagram, je suis entrée dans une sorte de bulle hyperconnectée. J’ai d’ailleurs écrit une newsletter dédiée à ce sujet.

Il me semble important de se reconnecter au local, aux gens pour recréer du lien et limiter cette hyperconnexion.

Aujourd’hui je préfère échanger sur Whatsapp où il y a plus d’interactions et rencontrer les personnes « en vrai ». Par exemple, suite à une formation en patronnage, nous avons créé un groupe whatsapp qui nous a permis de rester en contact pendant 3 ans et de suivre le parcours de chacune. J’ai trouvé ces échanges particulièrement riches.

Quelles stratégies mets-tu en place pour limiter ton temps de connexion ?

Je préserve des temps offline comme les repas, le sport et les balades… J’ai enlevé la quasi-totalité des notifications sur mon smartphone. Je n’amène plus mon téléphone dans ma chambre le soir. Et nous lisons beaucoup de livres sur papier, ce qui est une bonne façon de s’éloigner des écrans.

Lorsque je crée, que ce soit la teinture ou la couture, j’écoute de la musique ou des podcasts… mais j’utilise mon téléphone pour ça!

Le smartphone renferme tellement d’usages dans un seul et même objet qu’il s’immisce un peu partout même lorsqu’on essaie d’en limiter l’utilisation.

Cet été, tu m’as confié avoir désinstallé Instagram pour mieux recharger tes batteries et réfléchir à ton side-project. Comment cela s’est-il passé ?

Au démarrage de mon activité, je m’étais laissée prendre au jeu d’Instagram. Et même si j’ai pris beaucoup de plaisir à dévoiler les coulisses de mon activité, j’y ai laissé beaucoup de temps et d’énergie.

Cette pause de deux mois a eu de nombreux bienfaits sur ma santé mentale et ma vie en général ! Par exemple, je suis davantage disponible pour ma famille avec une réelle écoute active, je lis davantage, je me sens plus apaisée, davantage ancrée dans le présent et surtout j’ai plus de temps !

Je reviens depuis la rentrée sur Instagram mais avec une approche « portfolio » : je poste uniquement mes réalisations et je n’ai pas réinstallé l’application sur mon téléphone. Mes projets en cours et à venir et mes réflexions de fond sont traités dans ma newsletter mensuelle. C’est un format plus intime que j’affectionne particulièrement.

Concernant mon side-project, j’ai décidé de réorienter mon activité vers une pratique plus expérimentale et artistique. Je me suis aperçue que j’avais envie de passer plus de temps à faire des recherches et de laisser plus d’espace à mon intuition et à une forme de poésie dans mes créations. Je mets pour le moment en pause l’animation d’ateliers de teinture végétale ou la participation à des marchés pour privilégier le temps long.

Retrouve Florence Lespinasse sur son site et son compte Instagram

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Florence Lespinasse

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